Cristal Spa (CS) : Bonjour Sylviane, merci de nous recevoir dans votre atelier "Les Crabettes". Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
Sylviane Meunier (SM) : Je suis Sylviane Meunier, fondatrice et présidente de l’association « Les Crabettes Atelier Créatif ». Il y a plus de dix ans on m’a diagnostiqué un cancer du sein, à un grade très élevé. Du jour au lendemain, ma vie a été complètement bouleversée.
CS : Parlez-nous un peu des Crabettes Atelier Créatif
SM : C’est une association que j’ai ouverte en octobre 2019. À travers elle, je cherche à soutenir les femmes atteintes d'un cancer ou en rémission. Je souhaitais ouvrir un espace dédié aux femmes malades, afin qu’elles puissent partager un moment de convivialité et de création loin de la maladie. Je voulais qu’elles puissent ressentir comme moi : une bouffée d’oxygène en réalisant une activité créative. J’ai eu l’opportunité d’acheter une maison à Veyrier-du-Lac. Au rez-de-chaussée, j’ai tout de suite imaginé un endroit pour réaliser mon projet. Après pas mal de travaux j'ai pu créer un espace de 60m2. Et voilà, aujourd’hui nous y sommes ! J’ai créé ce petit havre de paix où l’on peut venir participer à un atelier en réservant directement sur le site web de l’association.
CS : Comment vous est venue l'idée de monter cette association ?
SM : Le traitement a été très lourd et fatiguant. Et bien évidemment… On s’ennuie. Je me suis rendue compte que le seul moment où j’arrivais à ne plus penser à la maladie, c’était lorsque je faisais quelque chose de mes mains. « Occuper les mains pour libérer la tête ! » Les activités manuelles m’ont énormément aidée. Et il y a dix ans, il n’y avait rien sur Annecy pour permettre aux femmes atteintes d’un cancer du sein de s’évader artistiquement. Je me suis jurée qu’une fois rétablie, je ferai en sorte de changer les choses...
CS : Avez-vous eu des rencontres marquantes par le biais de cette association ?
SM : Les femmes ne viennent pas toujours de manière récurrente, tout dépend de leur traitement, alors il est parfois difficile de tisser des liens relativement forts. Mais durant l’atelier, c’est un moment assez unique. Et ce qui est finalement incroyable… C’est que toutes les femmes qui viennent durant les ateliers ne parlent pas de la maladie. C’est une réelle parenthèse loin de la réalité. Le plus beau retour que l’on ait pu me faire c’est “Pendant trois heures, j’ai tout oublié”. Là je me suis dit que j’avais réussi. Les activités manuelles permettent de rester concentrée sur ce que l’on fait et de ne plus penser en boucle à la maladie.
CS : Et de la même façon, pensez-vous que le destin de ces femmes peut changer grâce au soutien des Crabettes Atelier Créatif ?
SM : Je vais parler en mon nom et en mon vécu, mais oui, j’aurais sincèrement aimé pouvoir profiter de ce type d’activités durant mon traitement. Je pense que cela aurait été un réel soutien.
CS : Comment envisagez-vous les Crabettes à plus long terme ?
SM : Je serais déjà absolument ravie si je pouvais toucher le plus grand nombre de femmes en chimiothérapie ou en rémission du bassin annécien et des Aravis. Je me rends compte que les femmes sont souvent très seules pour affronter ce combat, et c’est aujourd’hui la chose qui m’importe le plus.
CS : Pensez-vous que la campagne annuelle Octobre Rose aide réellement ?
SM : Je pense que oui, cela fait du bien aux esprits. Une femme sur 8 est aujourd’hui touchée par le cancer du sein. Ce n’est jamais de trop de le rappeler. Cependant, je reste persuadée qu’aujourd’hui, il faut élargir la communication à d’autres cancers. Parce qu’effectivement, il n’y a pas que le cancer du sein qui touche les femmes. Il faut voir plus loin, il est très important d’en parler.
CS : Quel a été l'impact du confinement et de la Covid-19 sur votre association ?
SM : Tout s’est arrêté le 13 mars, malheureusement. C’est effectivement difficile comme situation. Nous n’avons fait qu’un atelier depuis la fin du confinement, le suivant est prévu le 22 septembre et ensuite toutes les semaines le mardi après-midi. J’espère que l’on va pouvoir continuer à les programmer de manière régulière dans les mois à venir. Bien évidemment, les mesures sanitaires sont prises en compte et le nombre de participantes réduit.
En tout cas, je suis très touchée que le Groupe PVG m’ait choisie pour faire valoir la campagne d'octobre rose cette année. J’espère que cela va mettre l'association en lumière. Je manque encore certainement de visibilité. C’est pourquoi il faut que j’arrive à faire venir les femmes car une fois qu’elles ont participé à un atelier, elles souhaitent revenir. Les ateliers sont payants (15 euros), cela correspond à ce qui est engagé financièrement pour les matériaux utilisés. J’ai conscience que cela peut être un frein mais malheureusement je ne peux pour le moment faire autrement, car tout est à ma charge. Je suis actuellement en train de monter des dossiers auprès des services concernés pour pouvoir bénéficier de subvention qui me permettront de les proposer gratuitement.
CS : Un petit mot pour la fin ?
SM : Tout ce qui compte, c’est de s’accrocher, d’y croire et de se battre contre le cancer.
Même si c’est dur, il faut pouvoir se raccrocher à quelque chose. L’après cancer est également une étape difficile, ce n’est pas parce que les traitements sont finis que tout redevient comme avant. Il faut se reconstruire, pour mieux repartir. C’est pourquoi l’association est aussi bien destinée aux femmes malades qu’à celles en rémission, car elles ont tout autant besoin d’accompagnement.
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Cristal Spa, rejoint cette année l’opération Octobre Rose et apporte son soutien à l’association
Hope lancée par Annabel Brourhant et Nicolas Chopin, chirurgien oncologue à l’hôpital Léon Bérard de Lyon.
Association née du constat qu’une femme sur deux est touchée par une dépression plus ou moins profonde après les traitements et que peu d’actions sont mises en place pour accompagner ces femmes vers la guérison.
C’est donc autour de l’art thérapie et l’équithérapie que l’association Hope accompagne les femmes afin de les aider à se reconstruire, rebondir et partager avec d’autres femmes ayant vécu les mêmes épreuves. Pour en savoir plus sur l’association, rendez-vous directement sur le site :
hope-association.com